(R.I.) Trois ans après l'adoption de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire, l'université québécoise est loin d'avoir échappé aux menaces dont elle devait la prémunir.
La promesse d'un milieu propice à l'apprentissage, à la recherche et au débat s'est heurtée à une réalité déconcertante : les établissements tardent à appliquer les mesures de sensibilisation, de formation et de promotion de la liberté académique exigées par la Loi (tel que le montrent les rapports produits par les établissements et obtenus à la suite de demandes d'accès à l'information), pendant que les atteintes à la liberté académique se multiplient.
En effet, en 2025, le Québec n'est pas à l'abri d'un phénomène mondial documenté par l'Academic Freedom Index : une régression préoccupante de la liberté académique, y compris dans des démocraties réputées stables.
Ici, les actions néfastes de la ministre Pascale Déry -- notamment son refus de reconnaître l'importance de protéger les chercheuses et chercheurs des graves menaces venues des États-Unis, ou encore ses ingérences dans le contenu de l'enseignement ou dans la nomination de professeur•es à des conseils d'administration -- a contribué à vider de sa substance le ministère censé défendre cette liberté fondamentale.
En ce triste anniversaire, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU) affirme qu'il est temps de restaurer la mission d'intérêt public des universités.
Rallumer le phare : une mobilisation pour restaurer la mission universitaire
Car cette régression mondiale de la liberté académique est le symptôme d'une tempête plus grande -- recul de la collégialité, coups portés à l'autonomie institutionnelle, instrumentalisation des budgets et dérives managériales, notamment -- qui s'attaque de front au rôle fondamental de l'université dans les sociétés démocratiques.
Parce qu'il y a urgence de contrer cette menace, la FQPPU lance aujourd'hui le manifeste Rallumer le phare, un appel à l'engagement et à la résistance. Cette prise de parole marque le coup d'envoi d'une campagne visant à lutter pour qu'on rende à l'université les moyens de réaliser sa mission d'intérêt public.
«L'université n'est pas une marque à vendre ni le perroquet de discours politiques et économiques qui servent des intérêts particuliers, déclare Madeleine Pastinelli, présidente de la FQPPU. L'université est et doit demeurer un phare pour le collectif -- un lieu où la pensée critique peut déranger, où la vérité ne se négocie pas, et où la société peut se réfléchir et imaginer d'autres possibles.»
Dans un climat de cynisme, de polarisation et de désinformation croissants, la Fédération invite toute personne attachée à la recherche libre et à la santé de nos démocraties à se joindre à la mobilisation pour restaurer le rôle social de l'université.
Cette campagne, qui fait suite à une résolution adoptée à l'unanimité par les membres de la FQPPU lors de son Conseil fédéral d'avril dernier, met de l'avant cinq piliers essentiels à la mission universitaire, aujourd'hui gravement menacés et revendique en conséquence :
-Un réinvestissement massif et durable dans l'université comme bien public
-La protection intégrale de la liberté académique
-Une gouvernance collégiale authentique
-Des mesures concrètes pour assurer l'autonomie institutionnelle
-Un front commun des universités contre la marchandisation du savoir
La mobilisation entend réactiver le débat public autour du rôle et de la mission de l'université dans la société, et rappeler en quoi elle représente un pilier fondamental de notre démocratie.
«Nous voulons également que l'idée même de s'ingérer politiquement dans nos établissements universitaires, ou encore de sabrer dans le financement des universités et de la science devienne honteuse, politiquement coûteuse et socialement inacceptable», affirme Madeleine Pastinelli.
«La mission universitaire est trop importante pour être abandonnée à des intérêts qui ne servent pas le bien commun. Il est temps de se la réapproprier collectivement. » Rappelons que la FQPPU a demandé, le 13 mai dernier, la démission immédiate de la ministre Pascale Déry, dont les actions répétées ont rompu tout lien de confiance avec l'ensemble des communautés universitaires.
Depuis 1991, la FQPPU est l'instance de concertation et de représentation du corps professoral universitaire québécois.
SOURCE Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU)
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(R.I.) : communiqué que nous avons repris intégralement.