Inflation
Le contexte économique, par Eric Girard
Paru le lundi 21 mars 2022 | Catégorie: Finances & Économie
(R.I) Le ministre des Finances, Eric Girard, décrit le contexte économique actuel dans le cadre de l'interpellation de vendredi :
« Lorsque vous connaissiez quelqu'un qui avait la COVID et que vous alliez passer une certaine période avec lui, vous deviez vous isoler 10 jours. Alors, ça, c'était notre contexte à nous, mais c'est le même contexte partout dans le monde. C'est-à-dire qu'on a perdu énormément de travailleurs, et lorsqu'il y a moins de travailleurs, ça fait augmenter les prix, puis on avait déjà des goulots d'étranglement.
Donc, je veux simplement dire que « Le Point [sur la situation économique et financière de l’automne 2021] » a été déposé avant le variant Omicron et que le variant Omicron a affecté les chaînes d'approvisionnement, qui étaient déjà affectées par les vagues précédentes.
Ensuite, on avait beaucoup d'espoir au niveau de l'inflation pour 2022. La Banque du Canada avait prévu 3 % d'inflation en 2022. La Banque du Canada est responsable de la politique monétaire au Canada. On peut dire que c'est le meilleur estimateur des données économiques au Canada, c'est la Banque du Canada, et ils avaient une prédiction de 3 %, essentiellement 4 % pour les premiers mois de l'année, 2 % pour le deuxième semestre. 4, 2 en moyenne 3 %.
Et puis ce qui est intéressant, c'est comme la politique de la Banque du Canada, c'est de ramener l'inflation à 2 %, mais on revenait à 2 % dans le deuxième semestre. Tout était beau. À ce moment-là, le prix du baril de pétrole était à 65 $ en baisse par rapport à son niveau de 2021.
Donc, nous avions plein d'anticipation que la composante énergie de l'inflation allait être négative parce qu'on observait les prix en décembre, on disait : 65 $, c'est moins que ce qu'on a vu avant. Donc, composante énergie négative, donc l'inflation va baisser. Alors, on avait plein d'anticipation positive. Et là, est arrivé quoi? Une guerre en Europe. L'invasion de l'Ukraine par la Russie qui a fait passer les prix du pétrole de 65 $ à aujourd'hui 105 $ pour le West Texas Intermediate, qui est le prix de référence en Amérique du Nord.
Donc, une hausse de 50 %. Alors, vous comprenez que lorsque vous anticipez une baisse puis qu'il n'y a pas de baisse, il y a une hausse de 50 % dans une composante aussi importante que l'énergie, et l'énergie, c'est 7 % de l'inflation, bien, ça fait tout un impact.
Il y a d'autres facteurs pourquoi on a de l'inflation. […] Premièrement, en 2020, on a eu la plus grande récession depuis la Deuxième Guerre mondiale. L'inflation, il n'y en a pas eu. 0,8 % au Québec en 2020. Et le revenu disponible a augmenté de 9 %. Alors, les Québécois ont eu un gain, en 2020, de revenus réels extrêmement importants.
Et puis là, lorsqu'on regarde l'inflation, en 2021, bien, on compare un niveau de prix à un niveau de prix 12 mois plus tôt. 12 mois plus tôt, où était-on ? On était en 2020 avec une économie fermée pendant six semaines, donc des niveaux de prix très bas. Donc, par construction, si vous regardez un niveau de prix 2021, alors qu'il y a une reprise mondiale synchronisée et qu'en 2020, vous avez eu la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, mais par construction, l'inflation va être élevée.
En plus, on a fermé l'économie mondiale en 2020 et tout le monde a rebondi en même temps en 2021. Alors, qu'est ce que ça fait lorsque la demande mondiale est synchronisée, puis qu'en plus la demande est concentrée uniquement sur les biens? Parce que dans les services, on ne peut pas maintenir « le deux mètres » de distance qui est nécessaire à contenir la pandémie. Donc, vous avez une économie mondiale qui rebondit toute en même temps dans 60 % des biens, les biens et non les services. Donc, hausse des prix synchronisés.
En plus, demandes fortes. Vous me diriez : Bien, il faut que l'offre augmente. Oui, mais goulot d'étranglement, chaîne mondiale de production intégrée, variant Omicron qui ralentit […]... Donc, la demande est forte, l'offre est faible, les prix montent. C'est ça qui se passe. Puis là on a une guerre. […]
Alors, qu'est-ce qui va se passer? D'abord, il va se passer un resserrement monétaire mondial. La Banque centrale d'Angleterre hausse ses taux. La Banque du Canada hausse ses taux. La Réserve fédérale américaine hausse ses taux.
Pourquoi? Parce que les banques centrales ont le mandat de ramener l'inflation à 2 %. Puis comment est-ce qu'ils font ça? En faisant un resserrement quantitatif. Ils vont acheter moins d'actifs. En fait, ils n'en achètent plus d'actifs sur les marchés financiers. Puis ils augmentent les taux d'intérêt. Qu'est ce que ça donne d'augmenter les taux d'intérêt? Ça va diminuer la demande. Or, je vous ai mentionné que la demande était trop forte pour l'offre. Alors là, on va avoir un resserrement monétaire. C'est ça le contexte.
Et puis qu'est-ce que la Banque du Canada nous a dit récemment? Elle a dit que ça ne prendrait pas 12 mois pour revenir à 2 %, ça va prendre deux ans. Donc, on va revenir à 2 % à la fin 2023 ou au milieu de 2023, plutôt qu'à la fin 2022. Alors, ça, c'est important de comprendre ce contexte. […]»
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Au début d’un article (R.I.) et à la fin -/-/-/-/-/- indiquent un texte/article que nous avons repris intégralement.