Transferts fédéraux en santé
François Legault réagit au refus de Justin Trudeau
Paru le vendredi 11 décembre 2020 | Catégorie: Affaires intergouv.
(LAG) Le premier ministre François Legault, qui est aussi le président du Conseil de la fédération, a fait le point à la suite de la rencontre des premiers ministres des provinces et territoires avec le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.
« Les provinces et les territoires vont se battre jusqu'au bout pour que le gouvernement fédéral fasse sa juste part pour le financement des soins de santé.
Malheureusement, malgré la demande unanime de tous les premiers ministres, Justin Trudeau a refusé de s'engager à augmenter de façon substantielle les transferts en santé. C'est un rendez-vous qui est manqué. On est très déçus.
M. Trudeau nous a dit que, selon lui, à cause de la COVID, la situation de la COVID, que cette discussion était prématurée. Nous, on pense qu'au contraire la situation de la COVID vient ajouter au problème de financement des soins de santé dans toutes les provinces et territoires au Canada.
On le sait, le problème du financement des soins de santé vient de la croissance exceptionnelle à chaque année du coût des soins de santé. On a une augmentation, en moyenne, d'à peu près 5 % par année, ce qu'on appelle dans notre jargon les coûts de système.
Pourquoi c'est aussi élevé? Pour trois raisons, en plus de l'inflation. Il y a d'abord le vieillissement de la population, donc, étant donné qu'à chaque année la population vieillit puis que les personnes plus vieilles ont besoin, en moyenne, de plus de soins de santé, il y a une augmentation qui est exceptionnelle.
En plus, à chaque année, il y a des nouvelles technologies, des nouveaux médicaments, évidemment, qu'on veut offrir à la population, mais qui coûtent plus cher. Donc, il y a un consensus pour dire que la croissance normale, entre guillemets, des soins de santé est d'environ 5 % par année.
Par contre, quand on regarde la croissance moyenne des revenus des provinces et territoires, elle se situe autour de 3,2 %. Donc, on comprend tous qu'il y a un manque à gagner important.
Bon, ce qu'on a dit à M. Trudeau, c'est que toutes les provinces et territoires reconnaissent que le gouvernement fédéral, depuis le début de la pandémie, a fait beaucoup de dépenses pour aider les provinces et territoires à passer au travers la pandémie. Le gouvernement fédéral se retrouve avec un déficit qui est très important.
Par contre, ce qu'il est important de préciser, c'est que ce déficit, la grande partie de ce déficit, n'est pas récurrent. Donc, la grande majorité des annonces qui ont été faites depuis neuf mois par M. Trudeau, ce sont des annonces pour un an, pour un an et demi, mais ce ne sont pas du financement qui est récurrent.
Quand on regarde les projections, donc, les estimés budgétaires, d'un côté, du gouvernement fédéral, de l'autre côté, des provinces et territoires pour les 10 prochaines années, on voit qu'il y a un problème beaucoup plus important du côté des provinces et territoires. […]
Le gouvernement fédéral devrait, d'ici une dizaine d'années, si rien n'est changé, retrouver l'équilibre budgétaire. Par contre, quand on additionne la situation de toutes les provinces et territoires, on devrait, si rien n'est changé, se retrouver avec un déficit annuel structurel de plus de 100 milliards de dollars par année. Donc, d'un côté, un déficit de 100 milliards, l'autre côté, l'équilibre budgétaire.
Donc, on pense que notre proposition était réaliste, raisonnable. Malheureusement, M. Trudeau ne souhaite pas, à ce moment-ci, négocier une augmentation des transferts. Bon, il nous a parlé des nouveaux programmes qu'il voudrait mettre en place pour les CHSLD d'un côté, pour le coût des médicaments de l'autre côté. Bon, nous autres, on dit : Ce qui est important, c'est d'abord de bien financer les programmes existants. […]
On a eu une rencontre téléphonique par la suite, seulement les premiers ministres des provinces et territoires. Bon, la première chose qu'on va faire au cours des prochains jours, c'est de faire la même demande aux partis d'opposition à Ottawa, donc Parti conservateur, NPD, Bloc québécois, et on va continuer à faire notre demande, à expliquer à la population, même si c'est un sujet qui est aride, d'expliquer qu'actuellement il y a un problème d'équilibre fiscal entre les provinces et le gouvernement fédéral. […]
On va continuer à expliquer, on va compter, entre autres, sur les journalistes. Bon, évidemment, il y a un gouvernement fédéral minoritaire actuellement, donc on peut penser qu'il y aura une élection fédérale dans la prochaine année puis, je pense, ça sera un sujet important puisque c'est un sujet, actuellement, qui est prioritaire pour toutes les provinces et territoires.»
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